Claudia Peill

Claudia Peill ou le pouvoir suggestif du fragment

Claudia Peill s’intéresse à la ville, antique ou contemporaine, aux sites archéologiques, à la sculpture, mais, loin de vouloir en donner une image totalisante, globale et réaliste, elle choisit des fragments, un détail signifiant. Ainsi, l’image est décontextualisée puis dédoublée, créant une sorte d’ambiguïté qui se joue des références, sème le trouble et projette l’œuvre dans la modernité. Peu importe finalement que nous soyons face à Leptis Magna, au Château Saint Ange, au Portique d’Ottavia…..c’est la profonde cohérence entre forme et contenu, la puissance de narration et la force de la couleur qui nous frappent.

Inlassablement l’artiste travaille sur le dialogue entre photographie et peinture, dialogue dans lequel la photographie, présentée comme une séquence cinématographique, est contrebalancée ou transformée par les plages colorées juxtaposées qui fonctionnent comme césures du sens et du regard.

Ici les œuvres présentées sont des résines colorées, leur stratification irrégulière crée une vibration de la matière augmentant l’interaction entre les éléments de l’œuvre et le spectateur. Une manière de stimuler l’imagination.

Ce travail, exempt de nostalgie ou de complaisance, est une narration et, par son ancrage dynamique dans un passé revisité, transformé, libéré du poids de l’Histoire, il transcende le réel et atteint ainsi une dimension universelle.

Catherine TIRELLI