Transmutations
La ligne subtile de Nicolas Christol.
Le bijou, à la fois création artistique, parure et marqueur social d’appartenance voire de richesse cache si bien son jeu qu’on en vient à oublier l’histoire des métaux divers, platine, or, argent qui le compose.
C’est sur cette ligne subtile que se situe le travail de Nicolas Christol avec les quelques pièces que la Galerie L&C Tirelli présente dans le cadre de l’exposition Transmutations.
Chez Christol, l’éthique rejoint l’esthétique, et sans en avoir l’air il nous embarque dans une approche détonante de l’engagement et de la responsabilité.
Qui aurait pu supposer que broches, bagues et petites sculptures en argent patiné et minuscules excroissances d’or puissent nous proposer un rapport subversif inattendu à une forme artistique plutôt perçue comme frivole et décorative ?
Ainsi, derrière une esthétique le plus souvent sophistiquée destinée tout d’abord à l’embellissement on découvre cette histoire faite de sang et de violence, d’oppression et de profits, une histoire tissée par l’appât du gain et construite sur des rapports de domination, d’exploitation et de mépris de cet autre inconnu, différent et donc inférieur.
Grâce à ces quelques pièces audacieuses, Nicolas Christol nous dévoile un monde méconnu, fort, émouvant et poétique à sa manière.
C. Tirelli
L’entreprise capitaliste de production.
Dans l’entreprise capitaliste de production la valeur, la poudre noire incarne la violence structurelle qui réduit le vivant en marchandise, permettant ainsi la filtration sociale (eugéniste, raciste, sexiste, classiste, spéciste). Composante-clef des conquêtes coloniales, de la guerre à l’extraction minière, elle atomise les communautés et ressources, préparant le terrain à l’accumulation capitaliste. C’est égalemennt l’agent thermo-chimique du désencerclement et de la destruction du corps social lors des luttes populaires.
Elle illustre ce que Achille Mbembé nomme la nécropolitique : un techno-pouvoir qui, au-delà de réguler la vie (biopolitique foucaldienne), organise l’exposition à la mort. Le développement sidérant des violences anti-émeutes (37 yeux crevés et 4 mains arrachées durant les Gilets jaunes), la justification du génocide des Palestiniens-nes ou les appels à « accepter de perdre ses enfants » dans une guerre généralisée en sont des exemples récents.
Ici la poudre noire a permis de faire exploser des cylindres d’argent, matérialisant cette violence sociale, héritée de la violence coloniale symbolisée par les petits éléments en or. Ces éclatements rappellent aussi les innombrables luttes qui ont renversé des régimes de pouvoir apparemment inébranlables, et interrogent la nécessité de la légitime-défense face à la violence d’Etat.
Dans les années 70 apparaissent les premières grenades de désencerlement produisanr un flash et 170 db. Puis les premières grenades projetant des balles en plastique dur sont développées en Israël et Afrique du Sud dans les années 70-80. Durant les gilets jaunes la grenade de désencerclement française arrache quatre mains à des citoyens. Elle est remplacée par un modèle projetant des balles en plastique, jugé tout aussi dangereuX .
Nicolas Christol

