Combustions à froid

Exposition 2 septembre 2021

PETER FLACCUS, COMBUSTIONS À FROID

 Magie colorée, profondeur et obscure clarté ….

L’univers de Peter Flaccus est un monde de mesure et de tensions, un monde imaginaire où cohabitent rigueur de la géométrie et dynamisme de la couleur.

Ses œuvres réalisées à l’encaustique, selon la tradition antique du Fayoum, sont le plus souvent lisses comme des miroirs. Cependant, parfois, la surface picturale est subtilement incisée, selon une sorte d’écriture où droites et courbes dialoguent énigmatiquement, d’autres fois, les dénivellements successifs de la matière lui donnent encore davantage de puissance et de présence.

Une des caractéristiques des œuvres présentes dans cette exposition concerne leur chronologie: certaines œuvres datent de 2009-2011, d’autres de 2019-2020. Ce sont deux périodes durant lesquelles l’artiste a accordé une grande importance à des signes composés de lignes très fines et dans ce cas le dessin consiste en incisions tracées dans la cire puis comblées par diverses couleurs.

Parfois des lignes rugueuses pénètrent d’une manière presque sauvage les fonds harmonieux et tranquilles tandis qu’ailleurs des lignes géométriques d’une pureté architecturale occupent les paysages volcaniques et nous permettent ainsi de comprendre le processus d’accumulation de la cire fondue et les diverses manipulations effectuées par l’artiste.

Dans les deux cas, le rapport figure/espace rendu avec une concision extrême est la clé de l’émergence significative de l’image. Ainsi les phénomènes de la nature sont mis en évidence, non pas symboliquement mais physiquement. Un résultat naturel et simple derrière lequel se cache l’artiste qui, tout en étant attentif, contrôle, dirige et parfois efface pour recommencer à nouveau. On pourrait évoquer la tradition de la peinture décorative de la Rome antique, elle aussi marquée par la présence de lignes subtiles, de figures peintes avec habileté occupant des paysages imaginaires.

Peter Flaccus aime l’oxymore, on dirait même qu’il le cultive, non pas comme un jeu mais plutôt comme élément premier d’atmosphère, créant ainsi une petite musique particulière, mystérieuse et envoutante; ses œuvres se développent tels des paysages à la géographie complexe et invitent tant à la contemplation qu’au voyage initiatique.

Catherine Tirelli et Pia Candinas