:open edo:
EDO 2024 « Olomouc Environmental Days, 34th annual festival », ce festival, d’année en année, se penche sur la diversité des approches humaines du monde conduisant à un éventail de possibles et donc, à un monde plus riche d’expériences sensibles.
Cette année, en créant :open edo:, le festival des Journées écologiques d’Olomouc s’est étroitement lié au Forum d’Europe centrale d’Olomouc (SEFO). Ensemble, ils invitent institutions culturelles, galeries, artistes, en République tchèque et à l’étranger, à se joindre à EDO avec comme objectif la volonté de mettre en relation des personnalités et des institutions partageant un certain nombre d’idées et privilégiant la culture du débat public.
Ce projet se concentre sur les questions majeures de l’époque, la crise environnementale, la biodiversité… et cherche à générer un intérêt social permettant de comprendre l’importance de la conservation et préservation de la nature.
Dans ce cadre, la Galerie L&C Tirelli, invitée à participer, a le plaisir de présenter l’artiste tchèque Jana Kasalová et son exposition ATLAS.
Curatrices, Jana Delafontaine et Catherine Tirelli.
ATLAS, JANA KASALOVÁ
ATLAS, l’exposition de l’artiste tchèque Jana Kasalová est un « choc des Titans ». Confrontant le réel à l’imaginaire dans la création d’une nouvelle « fable du monde », traduite en une cartographie complexe, Kasalová nous invite à un voyage à la fois personnel et universel.
Dans ce travail la part de l’imaginaire rejoint l’aspect concret des lieux dans une sorte de fusion cosmique troublante. L’artiste, en médiatrice expérimentée, nous parle de mémoire, mémoire individuelle, mémoire universelle… présent, passé se mélangent au delà des certitudes, les territoires fluctuent, les espaces humains se modifient et nous plongent dans une succession de déroutes intérieures enivrantes.
En interrogeant nos sens nous sommes confrontés dans cette exposition à divers types de travaux liés les uns aux autres par le fil subtil et invisible du temps qui passe, du temps perpétuellement renouvelé. L’artiste travaille selon un processus d’accumulation d’expériences et de vécus des lieux.
Cartes géographiques froissées, manipulées, enfermées dans l’espace restreint d’un cadre-boîte qui les corsète et tente de les contenir, d’en modifier la perception, d’en arrêter l’évolution ; certaines de ces cartes sont parsemées de perles de verre, allusions à une mémoire personnelle et privée mais qui, comme par magie, nous entraine dans un tourbillon de réflexions sur le sort des villes, leurs mutations souvent tragiques… notre mémoire collective est à l’oeuvre.
Peintures qui, au premier abord, apparaissent comme un ensemble de signes abstraits accumulés et dont seul le titre indique un possible rapport avec une cartographie, London-Shanghai, Paris-Shanghai, Praha… cependant, tout ce travail est très organisé, calibré, les strates sont claires, visibles, et, si l’artiste évoque les mutations des villes, les cohabitations, l’Histoire, les défis du futur, elle ne fait ici que suggérer la gangrène de la mondialisation qui grignote les espaces, les transforme selon des codifications inhumaines. Kasalová brouille les cartes au propre et au figuré, joue avec le spectateur à ce jeu de cache cache bien connu des enfants et qui peut se transformer en quelque chose de terrifiant si on s’y perd et je vous l’assure on s’y perd, rouge, bleu, gris, or…rien n’y fait, ni gammes chromatiques, ni structures ne rassurent, nous percevons que tout cela masque quelque chose, d’où l’obsédante fascination.
Et enfin travaux sur papier, un papier parchemin, lourd, épais, qu’elle travaille sur les deux faces, traçant des territoires en un mouvement excentrique, comme s’ils échappaient à tout contrôle ou naissaient d’une vision inconnue, mystérieuse, non focalisée. Ces territoires semblent parfois être des animaux préhistoriques qui jouent avec la surface et s’enfoncent magiquement à l’intérieur du parchemin ; d’autrefois le trait est plus contenu et participe d’une circularité, un nid est créé, peut-être une tour, un refuge qui surmonte une carte en se dessinant dans la transparence du support.
Toutes ces oeuvres renvoient assurément, en lame de fond, à une vision socio-politique doublée, en surimpression, d’une expérience personnelle profonde et c’est cette dualité qui crée la magie mais surtout évoque, grâce aux diverses techniques et aux médiums employés, la fragilité du temps, de la mémoire, de l’expérience et l’immense inconnue qui plane sur l’univers.
L’imaginaire affronte le réel et de cette confrontation séculaire émergent les préoccupations humaines, les vies et les tentatives de réconciliation des diverses formes d’expériences.
Expériences personnelles, expériences des lieux, expériences des espaces, toutes se mélangent et fluctuent inlassablement, à travers les signes.
Catherine Tirelli