La pittura è il respiro del mondo, l’unico modo conosciuto per non morire.

Rossella Fumasoni, In Le Novantanove Migranti

Parfum de femme, nuances de bleu, ironie, nostalgie, poésie, sensualité légère et douce…que dire de plus de toutes ces figures féminines entourées de fleurs, de papillons extravagants ? Elles survolent ou s’enfoncent librement dans l’espace bleu des toiles de Rossella Fumasoni…toiles qui, à leur tour, sont absorbées par l’espace bleu de la galerie.

La pittrice, fidèle à elle-même et à une inspiration débordante, en passionnée avide de littérature, de cinéma, d’images, revisite tous les clichés sur le corps de la femme, sur son visage, ses attitudes et dévoile avec une subtilité délicate un univers tendrement engagé, absolu, parfumé, révolutionnaire.

Sous nos yeux médusés, ces femmes s’amusent dans leur univers, indépendantes, déconnectées de notre réalité, libres dans l’espace, elles s’affichent, osent, assument joyeusement une féminité absolue, légendaire, éternelle. Et, au milieu de tout cet apparent débridement, ce que nous découvrons est surprenant, la pudeur envahit la toile, tout voyeurisme est impossible, détourné. Le corps de la femme est là devant nous affiché, affirmé sereinement par un érotisme subtil et une conscience reconnue et totale de son identité.
Ces corps féminins ne sont pas édulcorés, ils ont leur existence propre, autonome et l’artiste revendique leur liberté, leur plein épanouissement dans un monde à leur mesure ou démesure, un monde sans cesse renouvelé par la force de leurs inventions, illusions, dérives, jeux, un monde fait de clins d’oeil, de suggestions raffinées soutenues par l’intensité du bleu qui inonde les toiles et nous absorbe nous projetant au-delà de nous-mêmes et de nos préjugés en nous enveloppant dans un cocon rassurant.

On pourrait bien sûr évoquer tant d’oeuvres de l’histoire de la peinture, tant de sujets féminins et de corps représentés pour le plaisir des yeux…cependant ici rien de tout cela et, si référence il y a, elle existe comme mémoire de la poésie, de la beauté, de la guerre et de l’amour, une mémoire proche des dieux, une mémoire rayonnante, aveuglante de vérité.

Ainsi, de mises en abîme voulues et conçues par l’artiste en successions de cascades visuelles et trompe-l’oeil insolites, l’espace, animé par toutes ces fenêtres picturales ouvertes sur un ailleurs, nous propulse vers une nouvelle dimension, une nouvelle expérience. Ce bleu envahissant, lumière et reflet, réputé si froid, devient ici, comme par magie, apaisement, sérénité, mystère et profondeur. Il nous transporte et engloutit dans l’univers malicieux et envoutant créé par la pittrice. Et, plongeant dans le monde magique de Fuma, ce que nous découvrons c’est moins la complexité du désir que toutes les constellations gravitant autour de la liberté et de la vie.

Catherine Tirelli